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Pourquoi il vaut mieux créer sa start-up quand on est étudiant

03 juillet 2014 Actu du réseau
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INTERVIEW. Bruno Martinaud, responsable du master Entrepreneuriat de l’École polytechnique donne ses conseils aux jeunes entrepreneurs.
 

Du 16 au 20 juin, l'école de commerce ESCP Europe a accueilli The World Founder Forum 2014. Cet événement met à l'honneur l'entrepreneuriat étudiant en présentant chaque année la promotion de 50 équipes d'élèves issus des quatre coins du monde sélectionnés pour suivre pendant un an le programme d'accompagnement de Founder.org. Parmi les 50 de la promotion 2015, 10 gagnantes se sont vues attribuer 100.000 dollars.

A cette occasion, Challenges a interviewé Bruno Martinaud, auteur de "Start-up, Anti-bible à l'usage des fous et des futurs entrepreneurs" (Pearson, 2012). Créateur de plusieurs entreprises, il dirige le master Entrepreneuriat de l’École polytechnique et a incité, pour la première fois cette année, ses élèves à postuler au programme de Founder.org. Il livre son analyse de l'entrepreneuriat étudiant français.


Founder.org a présenté mercredi 18 juin 50 équipes d'entrepreneurs étudiants qui ont été sélectionnées avec soin pour constituer la promotion 2015. Comment détecter les modèles économiques prometteurs dans la foule de start-up qui se créent chaque année?

Des projets comme Founder.org sont très importants car ils contribuent à identifier des sous-ensembles de projets [les promotions sélectionnées chaque année, ndlr] qui semblent porteurs. Ce programme est intéressant car il se juxtapose à plein d'autres dispositifs. Il n'y a pas de méthode pour détecter les succès de demain face à des étudiants brillants qui travaillent sur des opportunités qui semblent intéressantes. Dans la masse, il y aura des Google et d'autres qui échoueront. La réalité c'est que la plupart ne réussiront pas.

Quels sont vos conseils aux étudiants qui envisagent d'entreprendre?

Le premier conseil, c'est de ne pas avoir peur de se lancer. Quoiqu'il en ressorte, même si cela ne marche pas, ils apprendront plein de choses. Ils n'ont rien à perdre, beaucoup à prendre. Le résultat probable c'est que cela ne fonctionne pas, mais ce n'est pas un problème.

Ensuite, l'autre conseil, c'est de poser leur candidature dans des programmes, et dans ce cadre, de structurer leur projet, le présenter de façon formalisée à des experts. Ce processus, même s'il n'aboutit pas, est formateur. C'est du trial and error [essai et erreur, ndlr]: essayer puis changer ses hypothèses. J'ai passé ma vie à lancer des choses qui n'ont pas marché, et de temps en temps, certaines ont fonctionné. La notion d'échec est à prendre avec du recul: souvent les réussites sont une succession d'échecs. Il faut analyser tout cela comme un processus. Twitter a émergé des cendres d'un projet dont personne ne se rappelle, Odeo. C'est précisément parce qu'Odeo n'a pas réussi que Twitter a percé. Le talent pour un entrepreneur, ce n'est pas d'être visionnaire mais d'apprendre vite.

Êtes-vous de ceux qui disent qu'un entrepreneur ne doit pas divulguer son idée par peur de se la faire voler?

J'ai un avis assez tranché sur la question. Si une idée ne vaut que parce que les autres ne l'ont pas, ce n'est pas un projet, ce ne sera jamais une entreprise, c'est juste une idée intelligente. Quand je rencontre des entrepreneurs qui me disent "je ne peux pas vous dire exactement ce que je fais", je leur dis: "alors arrêtez de me parler, je ne peux rien vous apporter si vous ne me dites pas de quoi il s'agit".

Est-ce une bonne idée de se lancer pendant ses études?

Oui, je pense que le meilleur moment pour innover c'est plutôt lorsqu'on étudie parce qu'on n'a pas encore trop d'expérience. La vie professionnelle consiste à engranger des bonnes pratiques donc la capacité à les remettre en cause est ensuite plus difficile.

Et vous, qui vous définissez comme un "serial entrepreneur", avez-vous créé votre première start-up quand vous étiez étudiant?

Oui! Pour moi c'était une société de logiciel d'aide à la décision. Cette expérience a joué deux rôles fondamentaux. Le premier, c'est que j'ai pris conscience que c'était vraiment cela que je voulais faire. Ensuite, de la même façon que Twitter est né de l'échec d'Odeo, de ce logiciel qui n'a pas marché, nous avons identifié une opportunité qui, elle, a très bien marché: un outil de présentation multimédia. Nous ne l'aurions pas vue si nous n'avions pas travaillé sur le logiciel d'aide à la décision.

L'entrepreneuriat étudiant vous semble-t-il suffisamment favorisé en France?

Non, mais comme dans de nombreux autres endroits dans le monde. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Mais on commence à voir apparaître des initiatives. Par exemple, l'association 100.000 entrepreneurs se rend dans des lycées à la rencontre des étudiants pour leur donner envie de créer leur entreprise. Au-delà du désir d'être entrepreneur, il y a le fait de réapprendre à prendre des risques, à réfléchir de façon créative, deux éléments qui ne sont pas forcément assez mis en avant dans le système éducatif français, davantage encore que dans d'autres pays. En France, à l'école, on lève le doigt, on ne prend la parole que lorsqu'on est sûr d'avoir la bonne réponse.

Que faites-vous avec vos élèves de Polytechnique pour les inciter à changer d'attitude?

J'envoie mes étudiants aux États-Unis. L'intérêt pour moi c'est précisément de connaître un saut culturel.

Quel est selon vous l'intérêt des actions menées par Founder.org?

Founder.org contribue à créer les conditions de l'entrepreneuriat dans un mode sélectif qui est très sain car les étudiants doivent réaliser très vite qu'il faut gagner sa place. Founder.org c'est un prix, c'est une vraie perspective pour les projets sélectionnés de passer à un stade plus avancé de leur développement, et c'est également une ouverture vers l'international. Ils ont identifié un certain nombre d'institutions qui, dans chaque pays, leur semblaient intéressantes. Après avoir discuté avec le fondateur, il m'a semblé important que Polytechnique participe, et que les étudiants de mon master puissent poser leur candidature avec leurs projets.

http://www.challenges.fr/emploi/20140618.CHA5226/pourquoi-il-vaut-mieux-creer-sa-start-up-quand-on-est-etudiant.html




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